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Quand on parle de santé mentale, on a tendance à regarder davantage à l’intérieur de soi que vers l’extérieur. À explorer nos paysages psychiques plutôt que ceux de la nature qui nous entoure. Et si les deux étaient liés ?

On ne va pas se mentir : ce n'est pas toujours facile de se sentir bien. Crises économique, géopolitique, écologique, disparition du vivant… Autant d’actualités qui transforment nos tentatives de regarder le verre à moitié plein en échecs cuisants. Ajoutez-y les faits divers, la pression au travail, les injonctions de tout ordre, saupoudrez-le tout d’une surdose de notifications – et vous obtenez l’équation parfaitement mesurable d’une santé mentale au bord du gouffre. 

Chaque année en France, près de 13 millions de personnes présentent un trouble de santé mentale. Peu importe l’âge, la région ou le milieu social, le « mal du siècle » semble toucher tout le monde de la même manière. Au point que le gouvernement a déclaré le sujet Grande Cause Nationale 2025. Une annonce louable sur le papier mais suivie de peu de mesures concrètes sur le terrain.

Alors comment trouver de nouvelles pistes pour aller mieux ? Chez Les Others, notre regard se porte toujours vers l’extérieur. Est-ce que passer plus de temps dehors peut nous rendre plus heureux ? C’est la question que nous posons dans ce numéro. Si elle semble rhétorique, tant les effets néfastes de la sédentarisation et de l’enfermement sont documentés, nous avons voulu comprendre pourquoi, et surtout, comment, le monde extérieur impacte notre santé mentale.

De nombreux pays tentent déjà d’inclure les bienfaits de la nature dans la prise en charge médicale. Entre forêts thérapeutique sud-coréenne, cures de parcs nationaux au Canada et sentiers pieds nus en Allemagne, les soignants qui prescrivent le plein air nous obligent à nous demander si la nature ne devrait pas être remboursée par la sécurité sociale → p.148. Et pas toujours besoin de passer par la case « médecin traitant » pour profiter de ses vertus : certains lavent leurs tracas dans l’eau glacée → p.162, cherchent la paix dans la compagnie des oiseaux → p.122 ou se réinventent sur les sentiers balisés → p.62.

Mais la nature n’est pas seulement un refuge où fuir la déprime. C’est aussi une porte grande ouverte vers la liberté qui nous invite à habiter nos quotidiens plus joyeusement et plus simplement. Pendant que le long des routes croates, une bande de meufs à vélo hurle son bonheur de rouler ensemble → p.20, un Border Collie joue les garde-fous entre touristes et faune sauvage dans le Montana → p.98. Et en France, l’activiste Camille Etienne puise dans les paysages et dans ses émotions l’énergie de s’engager pour demain → p.112

Ne nous y trompons pas, une cure de nature ne sera jamais le remède à tous les maux. Mais ses bénéfices sont trop nombreux et trop puissants pour s’en priver – surtout qu’ils sont à portée de pas. Dans notre grand dossier, des spécialistes s’interrogent sur les vertus sous-estimées de la marche → p.36. Un voyage lent, où l’esprit s’apaise et les idées se libèrent au fil des kilomètres. Mais aussi un protocole de réenchantement du monde et un acte de résistance contre l’accélération de nos vies. 

Et si, pour aller mieux, il suffisait de mettre un pied devant l’autre ? Et de recommencer ?

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